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24 mai 2009

Ceux qui soupirent vieillissent en un jour. (Théocrite)

Tout comme le singe, l'homme a la capacité de faire passer des émotions par des mimiques et des gestuelles. Ainsi, chacun d'entre vous aura déjà vu une image d'un singe faisant la grimace comparée à celle d'un homme qui sourit. Si tel n'est pas le cas, vous n'avez pas raté grand chose, je vous rassure.  Ce que l'on ignore plus facilement, c'est qu'une même mimique contient ses propres nuances. Dans la sous espèce que j'ai étudié pour vous, du moins. Cette sous espèce de la grande famille humaine, c'est la famille W*******, au nom scientifique bien effrayant de W*******-D************ (noms censurés pour cause d'anonymat et d'autres trucs administrativement trop occupant). Et oui, cette sous-espèce du genre humain, bien que peu commune, existe encore à l'état sauvage, dans son environnement naturel. Cette espèce à tendance migratrice a été aperçue en France, et par un heureux hasard (ou pas), j'ai pu m'en approcher suffisamment pour pouvoir en étudier les us et coutumes.

J'aurai pu disserter longuement sur cet instinct qui pousse cette famille a une constante migration, ou vous décortiquer les moindres facettes de leur psychologie. Mais non. Aujourd'hui, je souhaite dévoiler aux yeux du monde entier les dessous (non, pas en synthétique, ça gratte, c'est mieux la dentelle) d'un mystère qui a tenu en haleine plus d'un scientifique (peut être trois, voire quatre, si on cherche bien sous les tables - c'est que ça se cache bien, ces petites bêtes là!). Effectivement, je compte vous faire part de la découverte qui devrait révolutionner la vision que l'on avait de la communication au sein du genre humain, et plus précisément de la famille que nous nommerons W, pour faire court, une révélation, donc, qui va éclaircir les nombreuses zones d'ombres que nos lacunes dues à notre manque d'études sérieuses provoquaient. Effectivement, j'ai pu décrypter le mécanisme d'un comportement qui joue un rôle primordial dans la vie en société de cette famille, et qui nous permet donc de mieux comprendre les interactions et flux relationnels entre les différents individus, en diverses situations. Mais trêve d'introduction sans fin. Et place à la science du Soupir!

Oui, je dis bien 'Science du Soupir'. Car il faut savoir que n'est pas soupir n'importe quel soupir! Ou plutôt, le soupir n'est pas qu'un, il est multiple. Comme on le dit souvent, un soupir peut en cacher un autre (non, les trains ne sont pas le nom scientifique des soupirs). Mais commençons par la base.

SOUPIR n.m. 1.Respiration forte et profonde occasionnée par la douleur, une émotion, etc. ♢Litt. Rendre le dernier soupir: mourir. 2. MUS. Silence d'une durée égale à la noire; signe qui l'indique.
[ source: Le Petit Larousse Illustré 1996] ( A mon plus grand désespoir, Wikipédia a montré une des ses failles, ne contenant pas la définition première de ce mot...terrible déception... - je n'accepterais aucun commentaire quant à mon dictionnaire...il est peut être vieux, mais il m'est fidèle, et en plus, il a de jolis dessins colorés!)

Seule la première définition m'intéresse, et je démarrerai ma démonstration de ce point là. Mais l'on pourra cependant noter que la deuxième définition, touchant à la musique, est en lien avec la première définition, car dans un sens, la musique, par ces silences notamment, permet d'exprimer des sentiments, des émotions, des douleurs...Mais arrêtons de divaguer...oui, surtout vous, là...vous êtes du genre à vous laissez facilement distraire, j'ai l'impression...alors concentrez vous un peu, ou je n'aurai jamais fini ma démonstration à la fin de cet article! (je vous rassure, ce sera fait...mais faut bien en motiver certains...). Je pars donc de ce que m'indique mon ami le dictionnaire.

Le soupir est donc, initialement, une respiration forte et profonde occasionnée par la douleur, une émotion, ou par beaucoup d'autres choses. Certainement. Ce que mon fidèle compagnon n'indique pas, qui à mes yeux revêt le plus d'intérêt, et qui se révèle être le point central de mon étude, c'est la signification de ce mouvement respiratoire. Alors, je sais, j'entends déjà certains me répondre que c'est évident, que si l'on soupire suite à une douleur, c'est pour signifier que l'on a mal, ou toute autre chose du même genre. Ce que je veux mettre en valeur, en parlant de signification, ce n'est pas la cause, mais le message subliminal que l'on veut faire passer par ce geste. Car c'est bien sur ce dernier point que réside tout le secret de la communication W*******aine.

Car je l'affirme, la communication des W******* se base essentiellement et exclusivement sur les soupirs. Ce mode de communication peut paraître primitive, et primaire, de l'extérieur, aux premiers abords. Mais quand l'on se penche d'un peu plus près sur le cas, tout en prenant soin de bien se tenir à la rambarde, c'est qu'on est haut perché, voyez-vous, on se rend vite compte que cette méthode est bien plus complexe que ce que l'on pouvait imaginer. Une véritable structure grammaticale la dirige, et une incroyable diversité de vocabulaire la compose. Quant à conjugaison...je ne vous en parle pas...Enfin, si, je vais vous en parler...mais bon, voilà quoi...Mais chaque chose en son temps, la conjugaison viendra bien assez tôt, soyez-en sûr! Les échanges sociaux entre W******* se font donc par un système complexe de soupirs. Mais tout d'abord, une petite mise en situation.

Quelque part, là où des W******* ont bien voulu se poser pour une durée de temps plus ou moins non déterminée...
Individu A: voix enjouée "Bonjour!"
Individu B: *soupir*
Individu A: "Quoi encore?" - ton froid
Individu B: "Rien, rien..." - ton de celui qui prend sur lui en le faisant lourdement comprendre à son interlocuteur
Individu A: *soupir*
Individu B: "Pourquoi tu soupires?" - ton cassant
Individu A: "Mais je soupire pas!" - voix qui monte d'une octave
Individu B: "Si, t'as soupiré, je ne mens pas, quand même!" - ton énervé
Individu A: "Mais je le sais si je soupire ou non!" - voix qui monte d'une autre octave et de volume (note de l'auteur: aïe mes oreilles!)
Individu B: *soupir*

[ Merci au traducteur pour le travail effectué sur ce dialogue de la vie quotidienne]

Ainsi donc, sur une discussion de vingt secondes tout au plus, nous aurons donc rencontré 3 soupirs. Mais vous remarquerez que ces soupirs n'ont pas tous la même signification. Vous ne le remarquez pas? Bon, c'est vrai que contrairement à vous, j'ai de l'expérience dans la traduction de soupirs dans mes bagages (et je peux vous dire que ça prend de la place...foutu surplus de bagages à l'aéroport, va...). Bon, considérons la conversation précédente comme un entraînement. Voilà un autre extrait de la vie quotidienne normale.

Quelque part d'autre que dans l'autre situation, à un moment différent, sinon ce serait pas une autre situation, mais bon, ça, on s'en fiche...
Individu C (oui, ce ne sont pas toujours les mêmes individus non plus!): *soupir*
Individu D: *soupir* - déplacement qui consiste à descendre un escalier
Individu C: *soupir plus proche du grognement que du soupir, mais bon,ça reste un soupir*
Individu D: "Qu'est-ce qu'il y a?" - ton sous-entendant le 'encore', mais pas trop quand même
Individu C: " Rien..." - voix qui signifie le contraire
Individu D: *soupir*
Individu C: "Ba oui mais c'est toujours pareil" - voix énervée
Individu D: "J'essaye..." - voix résignée, énervée, déçue, désespérée (oui, ça fait une drôle de voix, il faut l'entendre pour le croire)
Individu C: "Oui, tu ne fais que ça, essayer..." - voix toujours autant énervée
Individu D: *soupir* - déplacement correspondant au départ de l'individu D en direction de l'escalier

[ Tous les dialogues sont tirés d'une situation réelle, au mot près - merci de ne pas tenir compte de la diversité des réponses de l'individu D...elle essaye vraiment! Mais ne commençons pas ce débat là maintenant...]

Vous remarquerez donc cette fois-ci la fréquence des soupirs dans le temps de parole global: 5 soupirs sur 10 échanges, à raison de 3 soupirs pour l'individu D. Alors, je vous l'accorde, à la première lecture, tout cela peut être proche du charabia (enfin...facilement 20 centimètres de distance je pense...peut être 15...faudrait que je sorte mon mètre, pour vérifier...). On peut légitimement se demander s'il y a vraiment un sens derrière cet échange, et il est logique d'en venir à s'interroger sur la différence entre les trois premiers soupirs, qui semblent être l'élément central de la discussion. Analysons attentivement ces quelques instants de communication W*******aine.
A l'instant 0, un premier soupir retentit. Ce premier soupir, je vous le dis, puisque vous ne pouvez malheureusement pas vous en rendre compte, correspond à un soupir signifiant "C'est encore à moi de tout faire ici, elle est bonne à rien, celle là, j'en ai vraiment marre à la fin..." (je tiens à vous préciser qu'il m'a fallut des années d'immersion totale pour en arriver à un tel niveau de compréhension).
Réponse immédiate de l'individu D par un autre soupir. Celui là, je vais de nouveau vous éclairer, car sans le contexte général, peut paraître incompréhensible, correspond à une réaction anticipant les sentiments de rage, de haine, de désespoir et d'autodestruction morale qui s'ensuivra.
A partir de cet instant, il devient plus simple, je pense, de comprendre le soupir suivant. Effectivement, si vous vous souvenez bien, l'individu C soupire de nouveau, soupir plus proche du grognement que du soupir, mais soupir quand même, mais cela importe peu. Ce soupir indique lui aussi des sentiments que l'individu anticipe, ces sentiments étant principalement l'énervement, l'impatience, l'intolérance, la méchanceté gratuite, en continuité du premier soupir, et de la réponse soupirée de son interlocuteur (oui, tout cela peut paraître complexe, mais il faut aussi tenir compte d'un contexte socio-hiérarchiquo-familial, que je ne décrirais pas vraiment dans ces quelques lignes, pour ne pas compliquer davantage la chose.). Notez l'apparition des premiers mots dans cette conversation, suite au deuxième soupir de l'individu C. Effectivement, même aux yeux, enfin, aux oreilles d'un individu de la famille, les nuances d'un soupir sont parfois telles qu'un éclaircissement est nécessaire. Je ne commenterais pas la réponse à ces paroles, ce développement entrant dans le domaine contextuel précédemment cité.
Un quatrième soupir fait alors son entrée dans la partie. Soupir en réponse au 'Rien' précédent. Comme vous l'avez certainement compris, ce soupir exprime la profonde tristesse, et l'intense colère qui naissent tour à tour dans le coeur de l'individu D. Mais il exprime également l'impuissance de l'individu face à la réaction de l'individu C. Cette dernière signification est d'ailleurs celle retenue par l'individu C, puisque celui-ci répond par une phrase, méchante, cruelle, disons le clairement, mais la n'est pas vraiment la question.
Un dernier soupir, toujours de l'individu D, retentit alors. Ce dernier soupir reprend le sentiment d'impuissance, de colère, de tristesse, bien sur, mais il est surtout un soupir de fatigue, plus morale que physique, d'ailleurs.

Au travers de ce premier décryptage, vous apprenez à comprendre le langage du soupir, je l'espère, du moins. Ainsi donc, à l'aide de ce qui peut paraître si vide de sens, un W******* arrive à faire comprendre 5 choses différentes, et encore, sans compter les nuances spécifiques à des détails d'ordre psychologiques. Et ceci ne représente qu'une seule situation! Car plus on observe, plus on découvre. Mais je ne peux techniquement pas vous retranscrire beaucoup d'autres situations. Vous devrez donc vous contenter de ce que je vous ai dévoilé précédemment.

Ce qui est à retenir de cette étude, c'est que le soupir est une constante dans le monde des W*******-D***********. Il est la base de tout, il est le tout. Sans lui, la communication, ou du moins, ce qui en porte le nom au sein de cette famille, ne serait pas. Si jamais vous décidez de faire un voyage au coeur de cette famille, préparez vous, et apprenez à décrypter les nuances...ça pourrait vous sauver la vie (personne ne m'avait prévenu...voyez mon état maintenant!)!

Dernière petite chose que l'on peut retenir de tout ça: ne croyez jamais les proverbes et autres phrases hautement philosophiques de grandes personnes. Le rapport? Vous allez comprendre à la ligne suivante.
Coeur content soupire souvent, que dit un proverbe français...
Sans vous décortiquer la vie psycho-émotionelle de cette sous-espèce étudiée plus tôt, je peux vous assurer que 'content' n'est pas l'adjectif majoritairement utilisé pour qualifier le coeur de nos individus.

Et pour finir cette chronique, une petite phrase (bon, d'accord, deux...) qui n'a pas de vrai lien avec mon sujet, mais que je trouve chouette.

La vie est une affaire de cris plus ou moins étouffés. Du premier vagissement au dernier soupir, en passant par le "Ohé! Y'a quelqu'un?". (Denis Langlois)

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